samedi 24 janvier 2009

Hiver Arctique

MORCEAU CHOISI :
"Quand Erlendur rentra enfin chez lui, il n’alluma pas la lumière et alla directement s’asseoir dans son fauteuil, heureux de pouvoir enfin se détendre. Il regarda par la fenêtre en réfléchissant à Eva Lind et à ce rêve qu’elle voulait lui raconter.
Il vit un cheval qui se débattait dans les sables mouvants, les yeux exorbités et les naseaux dilatés à l’extrême. Il entendit le bruit de l’aspiration au moment où l’animal parvint à libérer l’une de ses pattes, avant de s’enfoncer plus profondément dans le piège qui se refermait sur lui.
Il désirait avoir l’âme en paix. Il désirait voir les étoiles cachées par les nuages afin d’y trouver la tranquillité, l’assurance qu’il existait quelque chose de plus vaste et de plus important que sa propre conscience, l’assurance de pouvoir se perdre, ne serait-ce qu’un instant, dans les immensités de l’espace et du temps.

La famille était légèrement à l’étroit dans la petite maison aujourd’hui abandonnée. Les deux frères devaient partager la même chambre. Leurs parents occupaient la seconde. Il y avait aussi une grande cuisine prolongée par une remise ainsi qu’une petite salle à manger avec de vieux meubles et des photos de famille dont certaines se trouvaient aujourd’hui accrochées aux murs de l’appartement d’Erlendur. Il se rendait toujours dans les Fjords de l’Est à quelques années d’intervalle et passait la nuit dans les ruines de ce qui avait autrefois été sa maison. De là, il montait à pied ou à cheval sur la lande où il dormait à la belle étoile. Il appréciait de voyager seul et aimait sentir peu à peu la profonde solitude l’envahir sur les lieux de son enfance, peuplés de moments enfouis dans ce passé encore si fortement imprimé en lui, des moments dont il avait, encore aujourd'hui, la nostalgie. Il savait que ce passé ne survivait qu’à travers lui. Que lorsqu’il quitterait ce monde, ce serait comme si rien de tout cela n’avait jamais existé."
Arnaldur Indridason, Hiver Arctique, à paraître le 5 février aux Editions Métailié.

5 commentaires:

Marie Alster a dit…

J'ai découvert Arnaldur Indridason à la sortie de la Femme en vert et depuis, j'attends chacun de ses prochains livres comme un enfant le Père Noël. Du coup, je suis très heureuse de découvrir votre blog (par le blog des éditions Métailié)dans lequel je trouve des petits plus, des éléments qui me font patienter et d'autres qui me donnent envie de découvrir d'autres auteurs. Merci!

Eric Boury a dit…

Merci à vous!

cynic63 a dit…

Salut Eric,
Je viens de terminer (hier, en fait) ce dernier volume. C'est toujours aussi bon; le style aussi précis (mais en plus "direct", je trouve). Tu as encore fait du bon boulot. Bon courage pour la traduction en cours

Anonyme a dit…

Mauvaise manip, je recommence donc...
Je te disais que je viens de terminer hier ce dernier volume.C'est toujours aussi bon et je trouve que c'est encore plus concis au niveau de l'écriture. Tu as encore fait du bon travail...
Bon courage pour la traduction en cours
A bientôt

Joëlle a dit…

J'ai achevé la lecture de ce roman il y a quelques semaines et les dernières pages sont encore gravées dans ma mémoire. Le constat fait sur notre société contemporaine est glaçant.J'ai rédigé un article sur "Hiver arctique" sur mon blog. Je découvre aujourd'hui le vôtre,
en revanche, nous avons déjà eu l'occasion de discuter en 2008 à Lamballe.