dimanche 30 septembre 2007

Kleifarvatn, L'homme du lac, Arnaldur Indridason


Le prochain opus des "aventures" du commissaire Erlendur paraîtra aux Editions Métailié en février 2008. Il s'agit de L'homme du Lac, en islandais, Kleifarvatn (Le lac de Kleifarvatn). A droite, une photo de la couverture de l'original du livre.
Je viens de remettre la traduction à Anne-Marie Métailié. C'est un très beau livre, une enquête bien menée et une magnifique histoire d'amour... Quel plaisir de traduire Arnaldur...

Tími nornarinnar, Le temps de la sorcière,


Le Temps de la sorcière d'Arni Thorarinsson (Þórarinsson) est paru aux Editions Métailié fin août. Ci-dessous, une critique de Gérard Meudal parue dans le Monde des Livres, le 31 août 2007

Arni Thorarinsson : crimes sans mobile et téléphone portable

LE MONDE DES LIVRES 30.08.07 17h43 • Mis à jour le 30.08.07 17h43

Un petit objet devenu banal est en train de révolutionner les codes du roman policier : le téléphone portable. On connaît déjà la place que ces appareils ont prise dans les activités délictueuses. Indispensables aux malfaiteurs, ils sont devenus des auxiliaires précieux pour les enquêteurs, qui peuvent grâce à eux localiser certains appels et confondre les couples. Il était donc légitime de se pencher comme le fait Arni Thorarinsson, un auteur islandais né en 1950 dont c'est le premier roman traduit en français, sur les nouvelles règles qu'ils imposent à la fiction. "Ils ont compliqué (la tâche) des auteurs de romans policiers parce que le héros comme la victime étaient eux aussi toujours accessibles : le suspense et le danger de mort impliqués par l'impossibilité de joindre ou d'être joint appartenaient désormais presque au passé."
Tout commence lorsqu'un grand quotidien de Reykjavik décide d'ouvrir une antenne locale à Akureyri, une ville du Nord où il ne se passe pourtant pas grand-chose. Une femme est morte en tombant dans une rivière au cours d'une séance de rafting organisée par l'entreprise de confiserie dont elle était propriétaire. Un accident banal.
Quelques jeunes ivrognes font du tapage dans les bars de la région, un chien s'est égaré sans même se faire écraser et la troupe amateur des lycéens d'Akureyri s'apprête à monter une pièce du répertoire classique islandais, Loftur le sorcier. Pas de quoi doper les ventes d'une édition régionale du Journal du soir, pas de quoi non plus nourrir une intrigue policière qui au départ peut sembler presque laborieuse, malgré des personnages pittoresques et bien campés. En premier lieu, le narrateur, Einar, devenu localier malgré lui. En bisbille permanente avec le nouveau patron du journal, il file le parfait amour avec Snaelda, une perruche que les propriétaires de l'appartement qu'il loue ont confiée à sa garde. Et puis il y a Gunnhildur Bjargmundsdottir, la mère de la femme noyée dans la rivière, qui voit des crimes partout. Mais, dans sa maison de retraite, la vieille dame a manifestement abusé des aventures de l'inspecteur Morse à la télévision ; du reste, elle n'a peut-être plus toute sa tête. Il y aussi Joa, la photographe qui tombe amoureuse de la rédactrice en chef du journal concurrent.

DÉSORDRE GÉNÉRAL
Lorsque Skarphedinn, le jeune bourreau des cœurs qui devait jouer le rôle-titre de Loftur le sorcier, est retrouvé assassiné, son cadavre brûlé sur un tas de pneus dans une décharge, à la veille de la première de la pièce, tous les fils de l'intrigue se nouent étroitement. Commence alors le portrait implacable d'une société à la dérive. On a l'impression que les troubles dont peuvent souffrir certains individus, particulièrement les jeunes, ceux qui n'ont pas encore trouvé leur place dans la société, ou les vieux, qui sont en passe de la perdre, des désordres comme l'hypocondrie ou les délires narcissiques ne sont que le reflet d'un désordre plus général qui affecte le groupe tout entier. En explorant systématiquement ces défaillances, Arni Thorarinsson dresse un portrait sévère, d'une cruauté presque surprenante, d'une société dont les individus semblent avoir perdu tout repère et avoir de plus en plus de mal à communiquer entre eux. Avec ou sans téléphone portable.

LE TEMPS DE LA SORCIÈRE (TIMI NORNARINNAR) d'Arni Thorarinsson. Traduit de l'islandais par Eric Boury. Métailié noir, 336 p., 20 €.
Gérard Meudal